55.
— Respirez profondément, capitaine Hudson. Contentez-vous de respirer pour l’instant. Respirez, c’est tout. Comme ça, c’est bien. C’est très bien… C’est parfait, capitaine Hudson. C’est de l’oxygène pur, capitaine. De l’oxygène ! Ne pensez à rien pour le moment. Respirez. Respirez. Respirez profondément.
Il était fermement et douloureusement maintenu par des sangles en tissu blanc. Des tuyaux en plastique rouges et bleus lui entraient dans les narines et en sortaient. D’autres tuyaux étaient reliés à ses bras et à ses jambes. Des fils colorés et des ventouses étaient fixés sur sa poitrine et raccordés à un appareil bleu métallique.
— Capitaine Hudson ? Capitaine, est-ce que vous m’entendez ? Est-ce que vous comprenez ce que je dis ? Vous vous trouvez au Womack Hospital de Fort Bragg, capitaine. Ça va aller, ne vous en faites pas. Est-ce que vous comprenez ce que je vous dis, capitaine ? Comprenez-vous que vous êtes au Womack Hospital ?
— Oh ! aidez-moi, je vous en supplie.
Pour la première fois depuis son enfance, il sanglotait, sans pouvoir s’arrêter. Qu’est-ce qui lui arrivait ? Qu’est-ce qui se passait, nom de Dieu ? Qu’est-ce qui était réel et qu’est-ce qui ne l’était pas ?
— Capitaine, vous êtes au centre JFK, à Fort Bragg. Vous vous trouvez à la base des forces spéciales. Capitaine Hudson ? Capitaine ?… Respirez simplement de l’oxygène ! Capitaine, c’est un ordre. Inspirez… Expirez… C’est très bien. Très, très bien. C’est excellent.
Allongé sur le dos, fixant silencieusement des silhouettes indistinctes et mouvantes au-dessus de lui, David Hudson se dit qu’il connaissait peut-être cet homme. Comment cela se faisait-il ?
Cette voix ? Cette moustache gauloise, blonde et tombante ? Connaissait-il cette personne ? Cet homme était-il véritablement là ? Hudson voulut tendre le bras pour le toucher et s’en assurer, mais les sangles qui l’immobilisaient l’en empêchèrent.
— Capitaine, vous êtes à la base des forces spéciales de Fort Bragg. Vous venez de subir un test de résistance au stress. Vous vous en souvenez, maintenant ? Capitaine, ce que vous venez de vivre était un test sous hypnotiques. Vous n’avez pas quitté cette chambre d’hôpital. Vous venez de revivre les épreuves que vous avez traversées au Vietnam.
Rien de tout cela n’était réel ?
Rien de tout cela n’avait eu lieu ?
Non. Le camp de prisonniers viet avait vraiment existé !
Des hallucinations ?
Il y avait véritablement eu un Lézard !
Oh ! Faites que tout cela cesse, je vous en prie.
— Capitaine Hudson, vous n’avez rien dévoilé de votre mission. Vous avez réussi votre test de résistance. Haut la main. Vous avez été admirable. Félicitations.
Une mission ?
Un test ?
— Vous commencez à saisir le principe de l’illusion, capitaine. Soumis à un interrogatoire sous l’effet des médicaments, vous n’avez pas cédé. Vous apprenez à être un virtuose de l’illusion. Vous apprenez à maîtriser l’art de la tromperie, capitaine Hudson. L’art de nos pires ennemis…
On entendait Horse Latitudes, quelque part dans l’hôpital… À la base des forces spéciales. La tromperie.
— Respirez ce bon air, capitaine. Respirez calmement. De l’oxygène pur, très pur. Vous avez réussi, capitaine. Vous êtes le meilleur, à ce jour. Vous êtes le meilleur élément que nous ayons jamais testé.
Des tests de résistance au stress.
Le Womack Hospital de Fort Bragg.
La tromperie.
Il apprenait à être un virtuose de l’illusion.
Vous avez réussi, capitaine Hudson. Haut la main.
Bien sûr que je suis votre meilleur élément !
J’ai toujours été le meilleur – en tout.
C’est bien pour ça que je suis là, non ?
C’est la raison pour laquelle j’ai été choisi pour cette formation.
Hallucination.
Tromperie.
La chose capitale à comprendre. La clé !
La tromperie était la solution, la réponse à tout !
— Respirez-moi ce bon oxygène, capitaine Hudson.